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âš Une soucoupe blanche Ă©chouĂ©e Ă Paris. Architecture rĂ©volutionnaire signĂ©e Oscar Niemeyer. Un lieu quâon contemple comme une Ă©nigme.
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đĄ CATHĂDRALE DE BĂTON ET DE SILENCE
Il y a des formes qui tranchent dans le ciel comme une lame douce.
Je suis tombĂ© sur elle par hasard, un jour de lumiĂšre sĂšche. Elle surgissait, blanche et muette, au coin dâun carrefour trop grand. Le dĂŽme, parfait, Ă©mergeait dâun socle invisible. DerriĂšre lui, une façade vitrĂ©e, stricte, sans affect, dĂ©coupait lâair comme un miroir. Je ne savais pas si jâĂ©tais devant une utopie ou un vaisseau abandonnĂ©.
Je venais de rencontrer le siÚge du Parti communiste français, place du Colonel-Fabien, à Paris.
Une soucoupe politique
Je suis restĂ© figĂ© devant cette coupole blanche, comme posĂ©e lĂ , Ă©chappĂ©e dâun film de science-fiction des annĂ©es 60. Elle est lâĂ©lĂ©ment le plus visible du bĂątiment conçu par Oscar Niemeyer, le grand architecte brĂ©silien, en 1965. Un vaisseau spatial ancrĂ© dans la terre, mais tournĂ© vers demain. Et pourtant, câest bien ici que bat depuis prĂšs de soixante ans le cĆur dâun parti historique de la politique française.
Lâarchitecture du siĂšge du PCF ne cherche pas Ă sĂ©duire. Elle impose. Elle enveloppe. Elle rĂ©siste.
Du bĂ©ton, du verre, de la courbe. Rien dâornemental, tout est structure, geste, manifeste.
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Niemeyer, lâhomme aux courbes
Oscar Niemeyer est un nom quâon ne croise pas par hasard. On le lit sur les plans de BrasĂlia, la capitale utopique du BrĂ©sil quâil a imaginĂ©e dans les annĂ©es 1950. On le retrouve dans ses collaborations avec Le Corbusier. Et on comprend vite que cet homme voyait lâarchitecture comme un acte politique autant quâun art plastique.
Quand le Parti communiste français lui commande son siÚge, Niemeyer est en exil, fuyant la dictature militaire de son pays. Il accepte sans hésiter. Il imagine un bùtiment non comme un palais, mais comme un outil.
Un outil de travail, un outil de lutte.
Le dĂŽme ? Il abrite la salle du conseil national, invisible depuis lâextĂ©rieur. Une sorte de sanctuaire souterrain, baignĂ© de lumiĂšre naturelle par des puits dissimulĂ©s. On y pĂ©nĂštre comme on entrerait dans une caverne symbolique. Tout est blanc, lisse, silencieux. Lâespace donne Ă penser.
Une architecture vivante, un manifeste de béton
En photographiant ce bĂątiment, je me suis rendu compte quâil ne ressemble Ă rien dâautre Ă Paris. Ni haussmannien, ni industriel, ni vraiment contemporain. Il Ă©chappe aux catĂ©gories. Il flotte.
Les lignes pures contrastent avec la ville environnante. Le bĂ©ton blanc, poli, presque doux, crĂ©e un effet de flottement, comme si lâarchitecture refusait de sâancrer dans la pesanteur. Et pourtant, câest lâun des exemples les plus saisissants du brutalisme poĂ©tique que Niemeyer a inventĂ© Ă sa maniĂšre.
Ce bĂątiment nâest pas quâun abri. Câest une idĂ©e figĂ©e dans le bĂ©ton. Une utopie rĂ©alisĂ©e. Une sculpture habitable.
Le silence dans la ville
Jâai collĂ© mon objectif Ă la coupole. Jâai tentĂ© de capturer sa texture, sa forme, son silence.
Rien ne crie ici. Tout murmure.
Le siĂšge du Parti communiste français est Ă la fois connu et mĂ©connu. On passe devant, on sâinterroge, on devine quâil se passe quelque chose ici. Mais peu prennent le temps de comprendre. Pourtant, ce lieu fait partie de lâhistoire politique et architecturale de Paris.
Et plus encore, il incarne une Ă©poque, celle oĂč architecture et idĂ©ologie marchaient main dans la main, oĂč construire un bĂątiment, câĂ©tait dessiner le futur.
Une énigme blanche à explorer
Cette photo nâa pas la prĂ©tention de tout dire. Elle saisit un fragment, une peau, un instant. Elle invite Ă regarder autrement.
Ce bĂątiment ne livre rien dâemblĂ©e. Il faut le tourner, le contourner, y pĂ©nĂ©trer parfois, pour en saisir les secrets.
Il mĂ©rite le dĂ©tour, le regard attentif, lâĂ©veil curieux. Il mĂ©rite, surtout, de ne pas ĂȘtre oubliĂ©.
đ Paris 19e, place du Colonel-Fabien.
âł Une architecture en avance sur son temps.
đ„ Une scĂ©nographie de lâengagement.
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