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Ils sont des centaines, bras levĂ©s, comme une forĂȘt de corps dressĂ©s vers le ciel gris de Paris. Je me souviens de ce moment comme dâune vague silencieuse. Pas un mot. Juste lâair coupĂ© par le souffle dâun mĂȘme mouvement. CâĂ©tait en 2018, sur le parvis de lâHĂŽtel de Ville de Paris. Une chorĂ©graphie monumentale, collective, Ă©motive. Une onde humaine signĂ©e Akram Khan.
Il fallait y ĂȘtre pour comprendre. Ou bien regarder attentivement cette photo. Elle capte tout : lâĂ©nergie, lâharmonie, la concentration. Des corps jeunes, habillĂ©s de noir, tendus dans un Ă©lan commun. Une mĂȘme direction. Une mĂȘme ferveur. Câest cela, Kadamati : un geste unique rĂ©pĂ©tĂ© par des centaines de danseurs amateurs et semi-professionnels, tous formĂ©s pour lâoccasion.
Leurs bras se soulĂšvent, se croisent, se tendent. Leur regard suit. Le tout, dans un silence assourdissant de puissance. Ce que cette photo nous dit, câest que lâart nâa pas besoin de mots. Que la chorĂ©graphie peut ĂȘtre un cri, une mĂ©moire, une unitĂ©.
Ă lâorigine de cette performance, un homme : Akram Khan. ChorĂ©graphe britannique de renommĂ©e internationale, il imagine Kadamati comme un hommage aux soldats de la PremiĂšre Guerre mondiale, venus du monde entier, souvent anonymes, souvent oubliĂ©s. Il conçoit cette piĂšce avec le soutien de la fondation 14-18 NOW. Le titre mĂȘme, « Kadamati« , signifie « argile » en hindi. Lâargile, cette matiĂšre que lâon sculpte, qui porte la trace, qui se souvient.
La performance a Ă©tĂ© donnĂ©e dans plusieurs villes dâEurope, mais Ă Paris, quelque chose de particulier sâest produit. Le parvis de lâHĂŽtel de Ville, avec ses pierres chargĂ©es dâhistoire, devenait la scĂšne parfaite pour cette commĂ©moration dansĂ©e. Ă la tombĂ©e du jour, les corps formaient une fresque vivante.
Je mây suis rendu un peu par hasard. Une amie mâavait parlĂ© dâun « truc de danse ». Je ne mâattendais Ă rien, et jâai tout reçu. Le choc visuel, la portĂ©e symbolique, lâĂ©motion pure. Quand les danseurs ont commencĂ© Ă se mouvoir, lentement, ensemble, jâai senti quelque chose de physique. Comme si la ville elle-mĂȘme se mettait Ă respirer au rythme des bras qui se levaient. Une chorĂ©graphie comme respiration collective.
Ce jour-lĂ , Paris Ă©tait suspendue. Les passants sâarrĂȘtaient. Les tĂ©lĂ©phones se levaient. Mais personne ne parlait. On regardait. On Ă©coutait avec les yeux. On recevait la mĂ©moire dans les gestes.
Il y avait dans Kadamati une universalité bouleversante. Pas de mots, pas de drapeaux. Juste des bras tendus. Des pas, des lignes, des souffles. Une maniÚre de dire : « nous étions là , nous sommes là , nous nous souviendrons ».
Akram Khan voulait interroger notre rapport Ă la mĂ©moire, Ă lâidentitĂ©, Ă la communautĂ©. En rassemblant des danseurs venus dâhorizons multiples, il offre une vision du monde pluriel mais uni. Une vision oĂč la chorĂ©graphie devient une langue commune, une poĂ©sie du corps.
Ce nâest pas un hasard si la photo capturĂ©e ce jour-lĂ me hante encore. Elle est la preuve que lâart peut sâincarner, lâhistoire se danser, la paix se ressentir.
Regarder cette photo aujourdâhui, câest se souvenir de lâimportance du collectif. Câest comprendre que la chorĂ©graphie ne sert pas quâĂ lâesthĂ©tique : elle dit quelque chose du monde. Elle dit la solidaritĂ©, la souffrance, la paix, la rĂ©silience. Elle dit ce que les mots nâosent pas dire. Et sur le parvis de lâHĂŽtel de Ville, en 2018, elle a parlĂ© fort.
Kadamati nâĂ©tait pas quâune performance. CâĂ©tait un rituel. Une incantation. Une priĂšre collective. Et cette photo, aujourdâhui, me rappelle pourquoi jâaime tant capturer ces instants : parce quâils racontent ce que lâon est, ensemble.
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