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đ€ Il ne mâa pas regardĂ© longtemps. Juste assez pour me dire : « Je suis ici, depuis toujours. »
đ Chat grec au vieux port de Mykonos.
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đŸ SEIGNEUR DES PIERRES, CHAT DE LâARCHIPEL đŸ
Je lâai vu dâun coup, posĂ© lĂ comme une Ă©nigme. Un chat. Noir. Solennel. Royal. CouchĂ© sur les rochers du vieux port de Mykonos. Il ne mâa pas regardĂ© longtemps. Juste un battement de paupiĂšres ambrĂ©es. Juste de quoi me dire quâil mâavait vu. Quâil mâacceptait.
đCâĂ©tait en fin de journĂ©e, quand le soleil commence Ă dorer les pierres et que la mer se calme. Le monde ralentit Ă Mykonos, mais pas lui. Ce chat-lĂ restait impassible. Immobile. Il appartenait Ă ces lieux comme sâil en Ă©tait le gardien. Et en GrĂšce, ce nâest pas une image : les chats rĂšgnent vraiment sur les Ăźles.
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đ§ż Des chats et des dieux
La GrĂšce aime ses chats. On en croise Ă chaque coin de ruelle, dans chaque port, sur chaque terrasse. Ils dorment sous les tables, marchent sur les murets, se faufilent entre les jambes des passants. Et personne ne les chasse. Personne ne les ignore. Au contraire.
Dans les Cyclades, les chats font partie du dĂ©cor, du quotidien, du patrimoine vivant. Les habitants les nourrissent. Les touristes les photographient. Les chats, eux, observent, toisent, vivent leur vie libre. Parfois farouches, souvent dociles, toujours fiers. Ils rappellent quâen MĂ©diterranĂ©e, lâanimal est libre. Le chat grec nâa pas de maĂźtre. Il a des alliĂ©s.
đ Le chat grec, figure familiĂšre et sacrĂ©e
Ce nâest pas un hasard si tant dâartisans sculptent, peignent, brodent des chats dans les objets souvenirs. Ils apparaissent sur les cĂ©ramiques, les cartes postales, les magnets. Ă AthĂšnes, Ă Hydra, Ă Santorin comme Ă Mykonos, le chat est une figure culturelle.
Il Ă©voque la paresse assumĂ©e, la sagesse mĂ©ditative, la prĂ©sence silencieuse mais forte. Dans lâAntiquitĂ©, ce nâĂ©tait pas un animal central comme en Ăgypte, mais il gagnait en importance dans les foyers. Aujourdâhui encore, les chats des rues sont traitĂ©s avec une forme de respect quasi religieux.
Ils rappellent aussi la gĂ©nĂ©rositĂ© du peuple grec. Souvent pauvres, parfois errants, les chats trouvent toujours une gamelle posĂ©e Ă leur attention. Par les restaurateurs, par les grand-mĂšres, par les enfants. Ceux qui vivent ici savent quâun chat nâest jamais inutile. Il est discret, propre, autonome. Il tient compagnie, chasse les nuisibles, apporte une forme dâĂ©quilibre.
đ Mykonos, entre fureur touristique et sĂ©rĂ©nitĂ© fĂ©line
Mykonos est connue pour ses fĂȘtes, ses clubs, ses yachts. Mais elle garde des recoins de silence. Et dans ces interstices, les chats sâinstallent. Le vieux port, loin des foules qui sâamassent prĂšs des moulins, est un refuge. Les rochers chauffĂ©s par le soleil sont parfaits pour une sieste. Les pĂȘcheurs, eux, laissent tomber quelques restes au retour du large. Câest un pacte tacite. Un Ă©quilibre ancien.
Le chat que jâai vu ce jour-lĂ ne mendiait pas. Il Ă©tait simplement lĂ , comme une ombre posĂ©e sur la pierre, un trait dâencre entre ciel et mer. Il mâa rappelĂ© que lâĂźle, avant dâĂȘtre un dĂ©cor de carte postale, Ă©tait un lieu habitĂ©, vivant, animal. Et quâil ne faut jamais oublier ceux qui y vivent vraiment.
đž Une photo, un monde
Jâai dĂ©clenchĂ© lâappareil presque par rĂ©flexe. Le cadre Ă©tait parfait, la lumiĂšre aussi. Mais câest le regard du chat qui mâa accrochĂ©. Ce regard quâon croise rarement. Un regard qui ne demande rien mais qui dit tout. Le temps, le lieu, la fiertĂ©. Le droit dâexister, simplement.
Quand jâai baissĂ© lâappareil, il Ă©tait toujours lĂ . Toujours immobile. Et moi, jâai continuĂ© ma route, un peu plus lentement, comme pour respecter le calme quâil mâavait offert.
đ Il y a des histoires qui se racontent sans mots. Des rĂ©cits entiers nichĂ©s dans les yeux dâun chat grec. En le regardant, jâai compris que la GrĂšce nâest pas seulement blanche et bleue, elle est aussi grise, noire, dorĂ©e. Elle respire par ses habitants, humains et fĂ©lins. Et si vous venez Ă Mykonos, cherchez-le, lui ou un autre. Prenez le temps de voir les chats. Ils sont le vrai visage de lâĂźle.
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Chaque jour, une image. Chaque jour, une histoire.